Alain Claude Bilie By Nze met les points sur les i

Le paysage politique gabonais était jusqu’à présent uniforme. Il était difficile de tracer une frontière idéologique entre le pouvoir en place et ceux prétendaient le combattre. Les transhumances politiques étaient coutumières, presque la règle d’or. On passait facilement du camp du pouvoir à celui de l’opposition sans avoir besoin de s’en expliquer. Et cela ne surprenait personne. Les crises postélectorales permettaient de remodeler ce paysage politique avec la formation de gouvernements aux attributs divers. « Gouvernement d’ouverture », « gouvernement d’union nationale », « gouvernement de consensus », « gouvernement de très large consensus », « gouvernement de la démocratie », nous en passons.

Du coup, le débat politique national se focalisait sur les personnes et non sur les principes et les valeurs, c’est-à-dire sur la conception et la vision que chacun a du monde contemporain. La preuve, l’ex-opposition gabonaise prétendait lutter contre une hyper- personnalisation de la fonction de chef de l’Etat, laquelle était porteuse d’autocratie, de dérive autoritaire et conduisait le pays vers une monarchie de fait. Aujourd’hui, elle accepte, cette ex-opposition, qu’une seule personne concentre entre ses mains tous les attributs du pouvoir exécutif, que le prochain parlement soit une simple caisse de résonnance et que le pouvoir judiciaire soit sous la tutelle de l’exécutif.

 Cela veut dire que tous ces hommes et femmes qui se réclamaient d’une certaine opposition dite radicale n’avaient dans leur viseur rien que la personne d’Ali Bongo Ondimba. De la démocratie et de l’Etat de droit, ils s’en moquaient.

Voilà pourquoi Alain Claude Bilie By Nze  vient de couper de l’herbe sous les pieds de tous ceux qui spéculaient sur des négociations qu’il aurait avec le pouvoir de Brice Clotaire Oligui Nguema aux fins de gérer ensemble le pays. « Il n’y a aucune négociation ni en cours ni dans le futur entre moi et celui qui a voulu par tous les moyens devenir Président de la République, ma conception de démocrate voudrait que celui qui a gagné les élections gouverne et que le perdant continue à faire en sorte que ses idées deviennent majoritaires dans l’opinion, c’est ce que je vais m’atteler de faire » a-t-il martelé.

 Une manière de verrouiller la porte en excluant tout compromis qui ne reposerait pas sur les valeurs et les principes. Connaissant la nature militaro-civile du pouvoir qui s’installe dans le pays, il va être très difficile de la déverrouiller.

Sur tout un autre plan, il n’entend pas porter le costume de « Chef de l’opposition » qui aurait été constitutionnellement taillé sur mesures au candidat qui viendrait en deuxième position à l’issue de l’élection présidentielle. « Je ne me suis présenté à l’élection pour devenir le N02, mais le N01, et puis je n’ai pas combattu cette constitution pour accepter des dispositions qui m’arrangent personnellement » a-t-il fait savoir.

Fort de plus 20.000 électeurs que lui a attribués le Ministère de  l’Intérieur, il entend capitaliser ces ressources humaines pour se doter d’un instrument politique, le Parti, après avoir rappelé  qu’il y a à peine 35 ans, lors de la Conférence nationale de mars –avril 1990, les Gabonais avaient opté pour la démocratie multipartite, ce qui ouvrait un grand espace de libertés dans le pays. Il n’y a donc de raisons  que cet espace se rétrécisse.

« Ensemble pour le Gabon deviendra », par conséquent, dans quelques semaines, un Parti politique et non plus une simple plateforme.

Cela s’appelle mettre les points sur les i.  C’est aussi ainsi que s’opère la rupture.

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