Le PDG sur la voie PDCI de Côte d’Ivoire

Depuis 1999, le Parti Démocratique de Côte d’Ivoire n’a plus jamais recouvré le pouvoir suprême. Cette année, ce parti politique crée par Houphouët Boigny a été déchu du pouvoir par l’armée ivoirienne, avec à sa tête le Général Robert Guei. Tout était parti d’une dispute de l’héritage politique du premier chef d’Etat ivoirien. Deux de ses fils spirituels étaient entrés en guerre ouverte, Henri Kona Bédié et Alassane Dramane Ouattara.

 Bénéficiant dans un premier temps du soutien de l’armée, le premier cité s’était imposé à la tête de l’Etat, au nom d’une disposition constitutionnelle qui en faisait le dauphin d’Houphouët Boigny. Pour mieux verrouiller la route à son rival, Henri Konan Bédié instaura dans la constitution une disposition qui ne permettait pas à Alassane Dramane Ouattara de briguer le fauteuil présidentiel : le concept de « l’ivoirité ». Ce fut le début des problèmes de la Côte d’Ivoire.

En s’emparant du pouvoir, le Général Robert Guei disait venir « nettoyer la Maison Côte d’Ivoire ». Il l’encombra encore, et beaucoup plus, d’ordures, au point où est survenu un troisième larron, Laurent Gbagbo.

Porté à la tête du pays par un élan populaire sous protection de l’armée, après une mascarade d’élection présidentielle qui aurait permis à Robert Guei de se maintenir à la tête de l’Etat, ce dernier devint le 3ème chef d’Etat de Côte d’Ivoire. Il y est resté pendant dix ans sans organiser les élections et sans faire sauter le verrou de l’ivoirité.

 La suite est bien connue, guerre civile, plusieurs morts et intervention de la communauté internationale à la demande de la France. Depuis lors, le PDCI n’est jamais revenu aux affaires, même si en 2010, il a dû s’allier au RDR d’Alassane Dramane pour gouverner ensemble.  Cela a été de courte durée, les vieux démons se sont réveillés et la rupture est vite intervenue. Depuis lors le PDCI- RDA n’a plus jamais goûté aux délices du pouvoir, surtout qu’Alassane Dramane Ouattara en a absorbé une bonne partie en créant le Rassemblement des Houphouétistes (le RHDP)

Partons[CM1]  des berges de la lagune Ebrié pour venir sur les bords du Komo. Le Parti démocratique gabonais qui était fier, en août 2023, de se maintenir  à la tête de l’Etat  après une énième mascarade électorale n’a plus réalisé ce rêve .Les militaires, en tête desquels le Général Brice Clotaire Oligui Nguema, l’ont brutalement stoppé dans la nuit du 30 août 2023, en l’affublant de tous les maux dont souffre le Gabon.

Sous la forme d’un « Dialogue national inclusif », mais en réalité exclusif, son procès eut lieu en avril 2024. Et la main des « juges » n’avait pas tremblé. Les verdicts furent sévères : dissolution de ce parti crée par Albert Bernard Bongo en 1968, poursuites judiciaires envisagées à l’encontre de certains de ses cadres et inéligibilité pendant un certain nombre d’années pour certains d’entre eux.

Puis, plus rien. Au contraire le PDG a même été remis en scelles. Un nouveau directoire provisoire a été mis en place on ne sait par qui, du moins officiellement. Il a tenu un congrès extraordinaire financé on ne sait, là aussi, par qui. Et il a fini par faire allégeance au nouveau pouvoir, celui incarné par le CTRI. On l’a vu aux premières lignes lors de la campagne de la dernière élection présidentielle. Et est né dans la foulée le « Rassemblement des Bâtisseurs ». Au départ plateforme politique à laquelle ont adhéré beaucoup de Pdgistes, on en parle de plus en plus comme parti politique. Si cela devient effectif, comme le RHDP de Côte d’Ivoire, ce Rassemblement des Bâtisseurs pourrait éloigner le PDG, canal historique et dissidents, du pouvoir en devenant le seul parti politique présidentiel.

Comme quoi, les rassemblements peuvent éloigner du pouvoir. Celui de Côte d’Ivoire en a éloigné le PDCI-RDA, un autre qui met en place au Gabon risque de faire subir le même sort au PDG.

 Et ce sera presque la fin d’un long règne sur le pays. Ses différents avatars pourront survivre, cependant rien ne sera plus comme avant. Angélique Ngoma, Blaise Louembé et les autres ne seront plus qu’une des roues de secours du Rassemblement des Bâtisseurs, derrière lequel se cache le CTRI.


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