La rumeur s’est r épandue telle une trainée de poudre. Les réseaux sociaux en ont fait leur chou gras, et l’information était devenue virale sur la toile. Pour concurrencer le projet Gab+ d’offre de taxis de transport urbain à Libreville, et dans bien de grandes villes du Gabon, aux jeunes Gabonais, des sujets camerounais auraient fait venir 150 véhicules à usage de taxis de Bafoussam, de Bamenda et autres villes de l’Ouest du pays de Paul Biya, histoire de défier la politique de lutte contre le chômage des jeunes Gabonais entreprise par le nouveau Président Brice Clotaire Oligui Nguema. Ces véhicules à usage de taxis auraient été arraisonnés par les forces de défense et de sécurité gabonaises et parqués on ne sait où.
Comment les importateurs desdits véhicules ont-ils fait pour passer à travers les mailles de la Douane gabonaise ? De quelle manière ont-ils procéder pour franchir les nombreuses barrières de police et de gendarmerie dressées tout au long de la route allant de la frontière camerouno- gabonaise jusqu’à Libreville ? Et comment devaient-ils également procéder pour régulariser les situations administratives auprès des autorités gabonaises ? Si l’information est avérée, ces Camerounais n’ont-ils pas bénéficié de la complicité des nationaux, ou encore ne sont-ils pas que des prête- noms ?
Toutes ces questions sont restées sans réponses. Et la passion, puis l’émotion, l’ont emporté sur la raison. On s’est déchainé sur les Camerounais, en leur faisant savoir qu’ils n’avaient qu’à aller faire du commerce chez eux et laisser les Gabonais régler leurs problèmes d’emploi et de transport en commun ; que personne ne les laisserait saper la politique de lutte contre le chômage entreprise par le nouveau chef de l’Etat.
D’aucuns se sont même servis, à titre d’exemple, de la Guinée équatoriale où les autorités viennent de faire expulser près de 500 sujets Camerounais qui y résidaient, menant des activités diverses. Il était ainsi recommandé aux autorités gabonaises d’en faire autant. Dans les rues et quartiers de Libreville, on ne parlait plus que de cela. Le courroux était monté d’un cran. Les xénophobes de toutes les espèces ont trouvé du grain à moudre. Dans certains quartiers, les Camerounais ont frôlé le lynchage public et faisaient profil bas.
Puis, de fil en aiguille, comme l’atteste le document ci-dessus émanant du Journal officiel de la république gabonaise, il est révélé que la Société dénommée Taxi Gab+ supposée appartenir à l’Etat gabonais est en réalité une SASU au capital de 3 000 000 frs CFA dont le propriétaire n’est autre qu’un certain Hussein Keack, certes de nationalité gabonaise, né à Libreville le 07 mars 1999, mais dont le profil physique et la patronyme montrent bien qu’il est d’origine syro-libanaise. Il ne s’agit donc pas d’une société créée à l’initiative du nouveau chef de l’Etat gabonais, Brice Clotaire Oligui Nguema, dans le souci et l’optique de résorber le chômage des jeunes, mais plutôt d’un bizness dans les mains d’un Gabonais venu de Beyrouth, à moins que ce dernier ne soit qu’un prête-nom.
« Lorsqu’un étranger vous apporte sa force de travail, apportez- lui, en contrepartie, votre hospitalité », disait un grand sage venu des plateaux Batékés. Dans cette logique, au cas où on respecterait un tel principe, on ne voit très bien cette pourquoi hospitalité légendaire gabonaise serait apportée à un étranger, venant du Proche-Orient, aurait parcouru des milliers de kilomètres pour parvenir en terre gabonaise et non à des Camerounais qui, eux, auraient parcouru quelques centaines de kilomètres pour une même destination.