Presque tous les membres de la bourgeoisie rentière gabonaise ont connu, côtoyé et travaillé avec Ali Bongo Ondimba depuis les années 90, dans les cabinets présidentiels, au sein de différents gouvernements, sous le règne de son père Omar Bongo Ondimba. Personne n’avait jamais remis en cause, ni ses origines, ni son intellect et encore moins ses compétences. En 2009, beaucoup de ces bourgeois rentiers ont activement contribué à la dévolution monarchique qui eut lieu suite au décès de son père à Barcelone, en Espagne. Ce sont eux qui constituaient le fameux Comité permanent du Bureau Politique du Parti démocratique gabonais qui l’investit comme candidat à l’élection présidentielle de l’année sus-rappelée. Ils ont pour nom : Jean François Ntoutoume Emane ; Michel Essongué, Séraphin Moundounga, Guy Nzouba Ndama, Paulette Missambo, Barro Chambrier Richard Auguste Onouviet, Denise Mekamne, Jean François Ndoungou, Angélique Ngoma, Paul Toungui, Léonard Andjembé, pour ne citer que ces figures de proue. Ils étaient au nombre de 18 pour un parti politique qui comptait des milliers d’adhérents et de sympathisants.
Puis, une fois élu, beaucoup d’entr’eux adhérèrent à son projet de faire du Gabon un « pays émergent » en 2025. Ils devinrent tous des chantres du développement du pays sur la base de trois piliers : « Le Gabon vert, le Gabon industriel et le Gabon des services ». Ils le récitèrent comme d’autres qui avaient récité les versets du « petit livre vert » dans les années 7O, œuvre intellectuelle et idéologique de celui qui s’appelait encore Albert Bernard Bongo.
Puis, le désamour commença à s’installer. Rien ne semblait plus aller entre certains de ces bourgeois rentiers et le nouveau maître du Gabon. La principale corde de discorde : ce dernier avait décidé de constituer sa propre cour de noblesse. « Je ne tiens pas à m’entourer avec ceux-là qui avaient collaboré avec mon père », avait-il osé déclarer. Passant de la parole à l’acte, il entreprit alors de ne faire confiance qu’à ses propres hommes : les Gambia, Immongault, Ngoubou, Mpouoh (fils), Oyiba, Ossibadjouot, Massard, Mapangou, Onanga Akbar Y’ Obeghe et bien d’autres.
Puis, il enfonça le clou avec la fameuse « légion étrangère sous la houlette d’un certain Maixent Accrombessi. Et ce fut la débandade. L’ancienne cour de noblesse constituée par Omar Bongo se dispersa, amplifiant un mouvement qui avait été amorcé en juin 2009, quelque temps après son décès. Beaucoup de ces rentiers émergents rejoignirent alors l’opposition, histoire de se recycler et de revenir un jour en force. Le peu qui était resté s’en alla lors de l’épisode Laccruche Alliangha et encore plus lorsque la « Young Team » s’installe en maître absolu au Palais de marbre du bord de mer de Libreville.
La libération de tous ces bourgeois rentiers est survenue le 30 août 2023, avec le coup d’Etat militaire perpétré par la Garde républicaine. Ce fut la fin du recyclage dans l’opposition, et les voilà tous autour du Général Brice Clotaire Oligui Nguema. Du coup, et pour eux, le Gabon est devenu un exemple d’Etat de droit démocratique, même si la nouvelle constitution concentre tous les pouvoirs dans les mains d’un seul homme, les élections sont désormais organisées dans la plus grande transparence, quoi qu’organisées par un Ministre de l’Intérieur et son administration aux ordres, les finances publiques sont gérées dans la plus grande rigueur, quand bien même de hauts responsables et autres hauts commis de l’Etat sont démis de leurs fonctions, soupçonnés de malversations financières, sans poursuites judiciaires.
Ali Bongo Ondimba s’en est allé, vive la République des bourgeois rentiers !