Exit le CTRI : place à Delta –Synergy

Le CTRI s’est éclipsé, ou tout au moins a pris une autre forme, cédant la place à  Delta- Synergy, cette holding aux ramifications multiples qui a tant fait défrayer la chronique au Gabon, notamment sous Ali Bongo Ondimba. Il s’agit d’une nébuleuse tentaculaire qui a le monopole de presque toutes les activités commerciales et financières en terre gabonaise. La famille Bongo et tous ceux qui tournent autour en sont les dépositaires. Pas une aiguille à coudre, une boîte de sardine, un sac de riz, un véhicule, un ustensile de cuisine, un vêtement et autres produits commerciaux ne sont vendus au Gabon, sans que Delta- Synergy n’en touche les dividendes. Une véritable toile d’araignée financière.

Depuis 2014 plus précisément, son existence été mise à nu et dévoilée au grand public. Cela faisait des choux gras dans une certaine presse qui, très curieusement, n’en parle plus aujourd’hui. Le débat avait même rattrapé Jean Ping, par exemple, en 2016, accusé qu’il était par ses détracteurs de l’époque d’être de connivence avec la famille Bongo dans les affaires, dont justement Delta –Synergy. Qu’est-ce qui n’avait pas était dit !

 Les articles de presse écrite remplissaient les colonnes de certains tabloïdes. Leurs rédacteurs ne s’en souviennent même plus par les temps qui courent. Eux pourtant, qui donnaient l’impression que le pot-aux-roses avait été trouvé. En dépit de ce tapage médiatique et de toutes les révélations  qui l’accompagnaient, la Holding était toujours là, présente en hégémonie dans les secteurs du pétrole, des mines, du bois, de l’import-export, des services, des transports, de l’alimentation et consorts. On y trouve presque tous les noms de la nomenklatura politico- administrative et affairiste du Gabon, y compris ceux qui hier, se prenaient pour des opposants radicaux. Ils se reconnaitront.

Quelques semaines après leur prise de pouvoir par coup d’Etat, les militaires membres du CTRI étaient montés au créneau, dénonçant à leur tour l’emprise et la mainmise de Delta-Synergy sur un grand pan de l’économie gabonaise. Ils promirent des enquêtes pour faire de la lumière sur cette nébuleuse qui, selon eux, était un rempart d’affairistes gabonais de tout poil, sans foi ni loi, et qui devenait une véritable gangrène au sein du tissu économique du pays.

 Cette lumière, beaucoup de Gabonais l’attendaient. Puis, Chiu ….ing. Pendant dix- huit mois, plus rien, silence –radio. Avaient-ils vite parlé, les hommes en treillis ? C’est ce que laisse penser ce silence. On n’a plus jamais entendu parler de Delta-Synergy. Ont-ils découvert que leurs amis et alliés allaient être éclaboussés si jamais ce gros caillou était jeté dans cette mare bien boueuse ? C’est une hypothèse que d’aucuns prennent au sérieux.

Et voilà que pour sortir de ce silence assourdissant le CTRI, avant de s’éclipser, vient de sortir du bois l’artisan de la colonne vertébrale de Delta-Synergy, l’administrateur-Directeur Général la BGFIBank, Henri Claude Oyima, le chef d’orchestre de toutes les tractations et transactions financières qui ont lieu au Gabon, dans la Sous-région d’Afrique centrale et même au-delà. Cette banque d’affaires, dans tous les sens du terme est présente, bien sûr au Gabon, en Guinée Equatoriale, au Congo- Brazzaville, en Centrafrique, au Tchad et même en Côte D’ivoire et au Sénégal. Un véritable empire bancaire dans les mains des chefs d’Etat des pays suscités. Et ce n’est guère par pur hasard que la plupart d’entr’eux ou alors leurs représentants étaient présents à la cérémonie d’investiture de leur homologue gabonais le 03 mai 2025.

Nommé ministre de l’économie, des finances, de la dette et de la lutte contre la vie chère, Henri Claude Oyima va-t-il se soustraire des milieux affairistes et se consacrer essentiellement à ses nouvelles fonctions gouvernementales ?

 La question taraude les esprits. Quel deal a-t-il scellé avec Brice Clotaire Oligui Nguema pour ne pas perdre le contrôle de la haute finance privée gabonaise, tout en gérant la cagnotte publique ? Cette autre question laisse bien de monde dans l’embarras et d’aucuns n’hésitent plus de parler de « conflits d’intérêts ».

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