Deux vice-présidents pour inaugurer les chrysanthèmes

Personne n’avait compris pourquoi la constitution adoptée au Gabon le 16 novembre 2024 impose –t-elle deux postes de Vice – président, un de la République et un autre du gouvernement. Cela n’existe dans aucun autre pays au monde. On a encore là  affaire à une exception gabonaise en matière de gouvernance politique.

Prenons d’abord le cas du Vice –Président de la république, Séraphin Moundounga qu’il s’appelle. Lors de sa récente prise de fonction, la curiosité a été de voir le Secrétaire Général de la Préside, ce de la République l’installer dans son fauteuil. Est-ce à dire que ce dernier est au-dessus de lui dans l’ordre protocolaire. En tout cas c’est la lecture que l’on est en droit d’en faire, dans la mesure où on peut installer dans ses fonctions qu’un subalterne.

Qu’à cela ne tienne, le conseil de ministres du 08 mai 2025 dernier a livré l’architecture du pouvoir exécutif, tel que voulue par le nouveau chef de l’Etat. Et l’on a noté que le Vice- président de la République, le Vice- président du gouvernement ne sont que des « services » de la Présidence de la République, au même titre que le Secrétariat Général de la Présidence de la République, le Cabinet du Président de la République,  l’Etat- major particulier du Présidence de la République, le Conseil National de sécurité, le Secrétariat Général du Gouvernement. C’est là la matérialisation évidente du fait que le Président de la République est en même Temps le chef de l’exécutif et le chef du gouvernement. Et c’est cela le régime présidentiel à la gabonaise. Si le communiqué final dudit conseil de ministres précise les missions dévolues au Vice-président du gouvernement, rien n’y apparait pour ce qui est du Vice-président de la république. Et l’on comprend qu’il n’est là rien que pour la résolution qu’une équation géopolitique  et pour inaugurer les chrysanthèmes.

C’est vrai, Barro Chambrier va avoir, lui, la coordination de l’action gouvernementale. Il assiste » précise-t-on » le Président de la république, chef du gouvernement et est chargé : « de convoquer et de présider les conseils et comités interministériels, étudier en liaison avec les départements ministériels concernés, les dossiers soumis à l’examen du conseil interministériel ; proposer au Président de la République l’ordre du jour du conseil d ministres , assurer le suivi de l’exécution de ses décisions et veiller  la régularité du fonctionnement de l’administration centrale ainsi que l’ensemble des services publics ».

Tout donne l’impression ici qu’il s’agit d’un Premier ministre sans l’être. La preuve, tous les départements techniques qui étaient, il n’y a pas longtemps, sous la tutelle du Premier ministre,  chef du gouvernement, ont été transférés à la Présidence de la République. Cette dernière devenant ainsi un véritable mammouth tel qu’elle n’avait jamais été. Cela s’appelle bien une hyper-concentration des pouvoirs, de tous les pouvoirs dans les mains d’un seul homme. Il a beau esquissé des pas de danse suite à sa nomination, Barro Chambrier sait qu’il n’est là que grâce au renouvellement des élites politiques gabonaises au sein des mêmes familles

Laisser un commentaire