Est-on entré dans une 5ème république au Gabon ? C’est du moins ce qui se dit. Qu’est-ce qui marque le passage d’une république à une autre ? On se perd en conjectures. Est-ce le fait pour un pays d’avoir enregistré un coup d’Etat militaire et révisé une constitution qui autorise les militaires, auteurs dudit coup d’Etat, de devenir des acteurs politiques de premier rang ? Là aussi, les écoles de sciences politiques ont du grain à moudre en prenant l’exemple du Gabon. Tout comme elles analyseraient, ces écoles, le cas d’une république tricéphale avec deux de ses têtes ne disposant pas de cervelet, c’est-à-dire d’une substance permettant de réfléchir et d’agir.
Dans tous les cas, ce qui est notoire, c’est le non- respect de la donnée parole des responsables de la 5ème république à peine sur les rails au Gabon. Cela peut paraitre un fait mineur pour la majorité de Gabonais ; cependant sous d’autres cieux, ce serait très grave et discréditerait dès le départ tout l’édifice mis en place. Et un édifice discrédité dès le départ se fissure facilement, puis s’écroule.
Deux exemples l’illustrent fort bien ce non-respect de la parole donnée. Avant même que l’édifice ne soit mis en place, il avait été promis que ceux qui s’en voulaient des artisans n’étaient là rien que pour un temps, celui de la restauration. Puis, hommes en treillis assermentés, ils rejoindraient leur milieu naturel, les casernes, en ouvrant les portes à d’autres occupants après avoir consulté le peuple. »Après voir restauré les institutions, nous rendrons le pouvoir aux civils, après avoir organisé des élections libres, inclusives, transparentes et crédibles », a-t-on entendu dire le 04 septembre 2023, sous une salve d’applaudissements.
Où en est-on aujourd’hui, Rien de tout ce qui a été promis ne s’est réalisé. Peut-être qu’en ouvrant le chantier, les premiers coups de pelle ont permis de découvrir des trésors immenses que l’on ne l’imaginait. Que valent un serment, une parole donnée, devant des mines d’or et de diamant et des caisses d’argent enfouis sous-sol ? Nul ne serait passé dessus sans marquer un temps d’arrêt. Pendant sept ans, ces mines vont être exploitées par ceux-là qui n’entendaient pas vouloir y entrer il y a à peine 20 mois. Ne dit-on pas que l’« appétit vient en mangeant ».
Autre exemple, l’affaire qui défraie en ce moment la chronique et fait des choux gras dans la presse, celle de l’exfiltration, tels de bandits de grand chemin, de Sylvia Aimée Valentin Bongo Ondimba et Noureddin Valentin Bongo Ondimba des geôles de la Prison centrale de Gros-Bouquet, via la Sablière où ils ont eu le temps de se joindre à leur époux et père, pour Luanda en Angola. Cela a fortement ressemblé à une opération digne de la maffia. Et dire que des chefs de l’Etat y ont été impliqués !
Toujours est-il que publiquement, un procès équitable devant les juridictions gabonaises avait été promis à leur égard. Des preuves des faits qui leur été reproché s’accumulaient, avait-on révélé, en précisant que l’enquête suivait son cours.
Puis tout d’un coup, ils se sont volatilisés dans la nature avant que l’on ne retrouve leurs traces du côté de Luanda en Angola. Impossible d’imaginer que ceux-là qui sont chargés de garder les frontières et qui sont censés de veiller sur l’intégrité du territoire national ne les ont pas vus passer, où n’ont pas autorisé qu’ils s’en aillent. C’est là un deuxième exemple de non-respect de la parole donnée.
Et dire que pendant la dernière campagne électorale pour l’élection du président de la république, beaucoup d’autres promesses ont été faites, dans des domaines divers et variés. A l’allure ont vont les choses, il est difficile de croire que ces promesses seront tenues. Et la 5ème république risque d’être celle de l’éternel non- respect de la parole donnée.