Ils jubilent, exultent et sont sur un nuage, les Equato-guinéens, cependant que les Gabonais hallucinent en voyant Ebebéyin et Mongomo, deux localités du pays d’Obiang Nguema Mbazo, tombés dans l’escarcelle du Gabon. D’où vient ce nuage qui fait halluciner et qui donne du baume dans le cœur de nombreux Gabonais ?
Il vient de l’interprétation que d’aucuns font de la décision prise par la Cour internationale de justice, laquelle vient de reconnaître la paternité des îles Mbanié, Conga, Cocotiers à la Guinée équatoriale. Dans aucune ligne de ladite décision, il n’est mentionné nulle part que les deux localités susnommées reviennent à la partie gabonaise. Ce qui n’a pas empêché un confrère du quotidien national d’écrire dans l’édition de mardi 20 mai 2025 : « En effet si cette juridiction la(C I J) (Ndlr) attribue la paternité des îles Mbanié, Conga et Cocotiers à la Guinée équatoriale, elle estime dans le même temps que les villes d’Ebebéyin et Mongomo devraient revenir à la République gabonaise. Il n’en fallait pas plus pour qu’une bonne partie de l’opinion publique gabonaise se nourrisse de cette hallucination et soit convaincue que désormais les villes de d’Ebebéyin et de Mongomo feront partie intégrante du territoire gabonais, ce dans quelques semaines. Les Equato-Guinéens s’en délectent, tournent les Gabonais en dérision, écrivent et exécutent des scénarii qui ridiculisent le Gabon.
Les seules lignes où le communiqué rendu public par la CIJ mentionne de frontières terrestres sont les suivantes : « Dit que la convention spéciale sur la délimitation des possessions françaises et espagnoles dans l’Afrique occidentale, sur la côte du Sahara et sur la côte du golfe de Guinée, signée à Paris le 27 juin 1900, constitue un titre juridique au sens du paragraphe 1 de l’article premier du compromis dans la mesure où elle établit le point terminal de la frontière terrestre entre la République gabonaise et la République de Guinée –équatoriale, lequel sera le point de départ de la frontière maritime délimitant leurs espaces maritimes respectifs ». Il n’est nullement ici question d’Ebebéyin et de Mongomo qui reviendrait au Gabon.
Généralement, les puissances coloniales traçaient des lignes droites pour délimiter deux territoires sous leur joug. Ce sont les pouvoirs postcoloniaux qui ont fait des cours d’eau des frontières naturelles. Il en est ainsi du Ntem et de la Kyé. Et comme ces cours d’eau ne suivent pas des trajectoires droites, en raison des méandres et autres obstacles, elles peuvent déborder sur tel ou tel territoire, en dépit des lignes droites tracées par les colons. Il y a ainsi de fortes chances que telle ou telle portion de territoire n’appartienne guère au pays supposé. Tel est le cas de la frontière entre le Cameroun et le Gabon que l’on croit être sur la rivière Ntem, à Eboro, cependant que le territoire gabonais va bien au- delà. De l’autre côté Kyé- Osi, le Gabon avait été obligé d’aller dynamiter un camp de gendarmerie qu’il avait malencontreusement construit en territoire camerounais. C’était au milieu des années 70.
Parlant de Mongomo plus particulièrement, la ville s’appelait, à l’époque coloniale, Mongomo de Guadalupe, du nom d’un colon espagnol qui l’avait probablement créée. Elle a été rebaptisée Mongomo Mba Dong par Macias Nguema. Les deux seuls chefs d’Etat que la Guinée-équatoriale a eus depuis son accession à son indépendance, Macias Nguema Negue Dong et Obiang Nguema Mbazo en sont originaires.
Pensez que cette ville reviendra au Gabon relève de l’hallucination. Et les Gabonais n’en ont pas besoin, au moment où ils sont encore traumatisés par le verdict livré par la Cour Internationale de justice, lequel leur donne en ce moment des insomnies.
Quant à la ville d’Ebebéyin, cela traumatise également la gent féminine gabonaise de penser que Balthazar Engonga qui en est originaire sera bientôt des leurs. Et elle hallucine, elle aussi, cette gent féminine gabonaise.