Le Gabon sera bientôt un vaste chantier et il y aura de l’effervescence. Des édifices sortiront de terre tels des champignons. Des engins vont y ronronner. Routes et autoroutes vont se croiser. Ainsi en ont décidé Travaillistes et Bâtisseurs. Les premiers existent depuis 1990 au bord de l’Ogooué, sans trouver un chantier. Ils se sont baladés avec truelles, équerre, fil à plomb, brouettes et pelleteuses, sans pouvoir trouver un emploi. Il fait dire que les Travaillistes font partie de ce que Marx et Engels avaient appelé le prolétariat, cette classe ouvrière exploitée par les capitalistes, après que ces derniers ont prélevé leur plus-value, en ne lui laissant que de quoi s’entretenir.
Apparemment, ceux du bord de l’Ogooué n’ont existé que dans l’imagination de leur créateur, avocat de métier. Ce qui lui a permis de survivre dans l’arène politique en parasitant le pouvoir en place. Et cela fait 35 ans. Ils ont toujours eu un petit bout d’espace au sein des différentes majorités présidentielles constituées jusque- là, sans y apporter quoi que ce soit.
Quant aux Bâtisseurs, sans réellement exister légalement, ils ont le vent en poupe par les temps qui courent. Beaucoup de maçons, dans tous les sens du terme, s’alignent déjà à l’entrée d’un chantier qui n’est pas encore ouvert. Le Parti Démocratique Gabonais en paie un lourd tribut. Sa survie et son avenir sont en pointillés. Tout le Woleu Ntem est déjà mobilisé et sur le pied des travaux annoncés. Personne ne tient à manquer à l’appel. Les salaires attirent, vu que le capital accumulé par le PDG a déjà été dilapidé et que les sources d’approvisionnement ont tari. Ce sont donc les Bâtisseurs qui attirent, comme du miel pour les abeilles. L’Estuaire a emboité le pas. De grands maçons ont rejoint les rangs de ceux qui aspirent être à l’œuvre du futur chantier. Des maçons bien connus, qui ont fait leurs preuves au PDG, même si, un moment donné, ils ont travaillé au pas de tortue, sont prêts à être à l’œuvre. C’était à dessein qu’ils avaient accepté à aller à ce pas de tortue. En milieu Fang de cette province du Gabon, il valait mieux, à cette époque, aller à cette allure, pour mieux observer ces Bûcherons d’antan, agités, tonitruants et imaginatifs.
Entre Travaillistes et Bâtisseurs, l’accord est donc déjà trouvé, selon certaines sources au fait du dossier. Ils ont décidé d’œuvrer désormais ensemble. Les seconds, en cours de naissance, en avaient besoin. Ils avaient besoin d’une existence légale pour contourner la longue piste en construction pour qu’un parti politique soit légalement reconnu.
La contrepartie semble être alléchante pour les premiers. En compensation d’une perte d’identité, ils aspirent à gérer la ville du Grand Blanc et à défendre l’Etat Gabonais devant différentes juridictions – si un tel accord avait existé depuis fort longtemps, on n’en serait pas là avec l’île Mbanié- Selon les mêmes sources, tout ceci est assorti d’un important pactole, on parle de dizaines de millions de Frs CFA.
Comme quoi, les partis politiques gazelles peuvent rapporter à certains, le plus important étant de les garder en vie
La configuration du nouveau paysage politique gabonais prend donc corps. En déclin le Parti Démocratique Gabonais disparaitra. D’autres formations politiques, tels l’Union nationale – les deux avatars- le Rassemblement pour la Modernité (sic) survivront, tout en parasitant les Bâtisseurs, sans autre ambition.