Régis Onanga Ndiaye, Herman Immongault  et Rosstanga Rignault noient le poisson au large de Mbanié

Ils se sont exprimés simultanément, les premiers devant les Sénateurs et le troisième  dans les colonnes du quotidien l’Union, les ministres des affaires étrangères et celui de l’Intérieur gabonais et l’un des experts commis par le Gabon pour défendre ses intérêts dans le différend frontalier qui l’opposait à la Guinée- équatoriale. Le moins que l’on puisse dire est qu’ils sont tous les trois passés à côté de la plaque en tentant de noyer un gros poisson dans les eaux profondes des îles Mbanié. Le ministre des affaires étrangères par exemple a commencé ses propos par une lapalissade en défonçant une porte grandement ouverte en déclarant : « le sujet débattu touche à la souveraineté nationale ». Bien sûr qu’il s’agit de souveraineté nationale et même de l’intégrité territoriale, tant il s’agit de ce beaucoup croyaient être une partie du territoire national. Le rappeler traduit l’embarras de Régis Onanga Ndiaye d’aborder ce sujet sans véritablement disposer d’arguments. Rappeler également que cela remonte à la période coloniale est une autre lapalissade et jusque-là les Sénateurs restaient encore sur leur faim. Il en est de la convention franco-espagnole de 1900, elle était bien connue de tous, du moins depuis que le verdict de la Cour internationale de justice a été rendu. Idem pour la convention signée à Bata en 1974 par Albert Bernard Bongo et Macias Nguema ; Une convention rejetée depuis lors par les nouvelles autorités de Malabo. Elle aussi est désormais bien connue. Le Ministre des affaires étrangères a également cru bon de rappeler qu’  après trois médiations infructueuses, la Guinée –équatoriale a porté l’affaire devant la justice. « L’option de saisir la CIJ est du fait de la Guinée –équatoriale » a-t-il déclaré devant les parlementaires de Transition.

C’est à ce niveau que le ministre devait beaucoup plus édifier les Sénateurs. En Saisissant la juridiction internationale, les autorités de Malabo disposaient d’un argument en béton, la convention franco- espagnole de 1900. Du côté gabonais, qu’avait-on comme argument à opposer ? Une simple photocopie de la convention de Bata.

 Il y a là une question qui aurait dû préoccuper les Sénateurs : sachant que les traités internationaux priment sur des conventions bilatérales, c’est-à-dire entre deux Etats, comment le Gabon a –t-il voulu s’en sortir dans un tel différend frontalier en ayant à sa disposition rien qu’une simple photocopie, où était passée l’originale ? Et même si on la retrouvait, elle aurait eu quelle valeur juridique par rapport à la convention de 1900 ? « La Cour était chargée de délibérer sur les traités et autres documents présentés par les deux parties « » a précisé le Ministre gabonais des affaires étrangères ». De quels traités et documents disposait la partie gabonaise ?

Régis Onanga Ndiaye, pour consoler les sénateurs, s’est lancé dans une espèce de morale diplomatique en leur faisant savoir ce qu’ils savent déjà que : « les deux Etats sont condamnés à vivre ensemble, au regard des facteurs géographiques, linguistiques, culturels », en ajoutant « le rendu de la Cour a amplifié la complexité du différend et renvoie les deux parties au dialogue », en complétant : « Nos deux pays doivent très vite se retrouver pour discuter (…) il n’y a pas d’autre chaix que la négociation ». Discuter de quoi et négocier quoi, quand on sait que les décisions de la CIJ sont sans recours, ce qui veut dire que personne ne peut plus revenir sur le cas de l’île Mbanié ? Cela s’appelle noyer le poisson dans l’eau.

So collège de l’Intérieur enfonce encore le poisson dans les eaux profondes, au large de l’Île Mbanié,               quand il déclare à son tour : « Il n’y a pas péril en la demeure. A ce jour, il n’y a pas d’études démontrant de fortes potentialités pétrolières sur l’Île Mbanié », avant qu’il n’use de son côté de cette consolation « Si on s’en tient à la convention franco-espagnole de 1900, 80. 0/0 d’Ebebéyin serait sur le territoire gabonais »

Si il n’y a d’études démontrant de fortes potentialités pétrolières sur l’Île Mbanié, pourquoi alors accorder autant d’importance à un îlot aride et inhabité au point d’y avoir posté quelques dizaines de gendarmes depuis près d’un demi-siècle ? Et si tant est que 80. 0/0 d’Ebebéyin serait sur le territoire gabonais pourquoi n’avoir pas saisi les juridictions compétentes depuis là ?

Quant à l’expert agrégé de droit Rosstanga Rignault, il surprend tout le monde quand il déclare dans les colonnes de l’Union que : « Entre le principe l’utipossidetis juris ( le respect des frontières héritée de la colonisation) qui est un principe général du droit international public et l’un des principes de l’Organisation de l’Unité Africaine ( aujourd’hui UA) et l’obligation de se conformer aux accords passés directement entre les deux parties, il faut bien que les deux Etats s’accordent ». Donc il le savait, tout en allant inutilement plaider à Genève !

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