Confusion de rôles entre le CTRI et le gouvernement de Transition

Quelle que soit la période, transitoire ou pas, le gouvernement est censé conduire la politique de la nation, sous l’autorité du Président de la République .Du moins c’est dans la tradition de tout régime politique présidentialiste ou semi-parlementaire ou encore semi-présidentiel. Toujours dans un tel régime, le gouvernement dispose de l’administration et des forces de défense et de sécurité. Responsable devant le Parlement, cette posture impose au Premier ministre qui le dirige de présenter devant l’Assemblée nationale son programme de politique générale et ce dans des domaines divers et variés : santé et protection sociale, éducation, travaux publics, habitat et logements, culture, sports et loisirs, environnement, sécurité, relations extérieures etc.

 Chaque ministre est chargé de l’exécution de cette politique dans le domaine qui lui est confié, sous contrôle du Parlement.

Le coup d’Etat militaire du 30 aout 2023 n’a ni abrogé la constitution, ni dissout les institutions constitutionnelles existantes. Les militaires qui l’ont perpétré ont presque conservé le même décor institutionnel, en ajoutant à la loi fondamentale adoptée en 1991 une charte de la Transition et en substituant les institutions constitutionnelles qui existaient par ceux de la Transition, après avoir annoncé une restauration des institutions. C’est la raison d’être du Comité pour la Transition et la Restauration des Institutions (CTRI).

Elaboration d’une nouvelle constitution à soumettre à l’approbation du peuple et des lois garantissant les libertés fondamentales et l’organisation des élections démocratiques, libres, transparentes et crédibles, tel devrait être le champ des missions que ce CTRI s’était lui-même assigné. Et il revenait au gouvernement de la transition d’accomplir d’autres tâches qui répondent aux préoccupations quotidiennes des Gabonais : construction des routes, autres infrastructures et équipements sociaux, des écoles, des hôpitaux, gestion des finances publiques, sécurisation des personnes et des biens etc.

Curieusement, partout où l’on passe, là où existe un chantier de construction ou de réfection d’une route-même de quartier-, d’une structure hospitalière, d’un lycée, d’une école, il n’est nullement question du gouvernement que dirige Raymond Ndong Sima, tout est l’œuvre du CTRI. A telle enseigne où, dans l’opinion, l’on se pose la question de savoir à quoi cela a-t-il servi de constituer un gouvernement de Transition si tout doit être mis au crédit du CTRI ? Dans la même logique, on se demande également quel bilan Raymond Ndong Sima et ses ministres présenteront-ils à la fin de la Transition puisqu’ils n’auraient servi qu’à meubler le décor ?

Des questionnements qui en disent long sur le fonctionnement du processus de transition politique actuellement en cours dans le pays.

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