Dernièrement s’est tenu à Paris, la capitale française, le 33ème sommet de la Francophonie. Le constat était accablant, plusieurs pays, et non les moindres, ont manqué à l’appel. Si le Mali, le Burkina- Faso et le Niger étaient absents, parce que suspendus des instances de l’Organisation internationale de la Francophonie (l’OIF), l’absence d’un certain nombre d’autres pays a surpris. Le Cas du Maroc et du Sénégal, et de l’Algérie par exemple par exemple.
C’est donc dire à quel point l’engouement d’il y a quelques années s’est estompé. On ne se bouscule plus tellement aux portes d’une organisation qui prône la suprématie de la langue de Molière. Beaucoup auront compris que derrière cette pacifique Organisation internationale de la Francophonie, se cacherait un ogre de domination et d’aliénation d’autres peuples ayant perdu leurs langues du fait de l’entreprise coloniale.
Il s’agit donc, ni plus ni moins, d’un néocolonialisme linguistique qui se cache derrière les valeurs universelles de la démocratie, des droits de l’homme et des libertés fondamentales. Les Français y tiennent, parce qu’il leur permet de sauvegarder leurs intérêts économiques, géostratégiques et leur hégémonie culturelle sur une bonne partie du monde.
Ils y tiennent tellement par les temps qui courent, que les pays de la langue de sheskpeare gagnent du terrain dans ce qui était considéré jadis comme leurs zones de prédilection. Inquiétude d’autant plus grandissante que les Chinois et les Russes avancent, eux-aussi, à pas géants dans les mêmes zones.
« Un peuple qui n’a pas encore perdu sa langue ne peut s’avouer vaincu » avait dit Montesquieu. Ce qui voudrait dire que sans s’en rendre compte, les pays ayant le français comme langue d’adoption et dont certaines générations ne parlent un traitre mot de leurs langues nationales sont vaincues pour l’éternité, et ils sont nombreux, notamment en Afrique noire dite francophone .
C’est la raison pour laquelle, en ce qui concerne le Gabon, il a été curieux d’entendre les participants au « Dialogue national inclusif- exclusif d’Angondjé de recommander comme critère d’éligibilité à la Présidence de la république, le fait de parler l’une des langues nationales du pays, tout en sachant que ces langues sont en déperdition du fait de ne plus être parlées dans certains nombreux foyers et surtout en raison du fait qu’elles ne sont nullement enseignées dans les écoles maternelles, primaires et dans les collèges, lycées et universités.
On aurait pu penser que du fait des moyens financiers dont elle dispose, l’organisation internationale de la francophonie allait aider les pays qui en sont membres de valoriser leurs langues nationales en les intégrant dans le système éducatif, il n’en a jamais malheureusement été question au point où il y a lieu de se poser la question de savoir à quoi sert finalement d’appartenir à cette organisation qui n’est qu’un instrument du rayonnement de la France dans le monde ?
En Afrique, certains commencent à trouver une réponse à cette question en s’en désolidarisant. Et le mouvement risque de s’amplifier et s’installera la francophobie en lieu et place de la francophonie.