REAGIR : le grand écart entre les palais d’Oyo et du bord de mer de Libreville

Se réapproprier du Gabon de son indépendance pour sa reconstruction, telle était l’ambition des créateurs du Parti politique « REAGIR ». Ambition somme toute noble, à travers laquelle transparait le souci de réaffirmer et de renforcer la souveraineté nationale gabonaise.

Seulement voilà, nul ne comprenait pourquoi fallait-il passer par Oyo, au Congo- Brazzaville, pour en arriver là. La raison était simple, l’un des derniers fils de feu Omar Bongo Ondimba, Junior Omar Denis, de son vrai nom, y a ses racines. Il vit entre Brazzaville et cette bourgade du nord du pays de Denis Sassou Nguésso, auprès de son grand-père du nom éponyme. Il avait maille à partir avec son grand-frère, le chef de l’Etat déchu du Gabon, Ali Bongo Ondimba. Des rivalités sur fond de dispute d’héritages politique, financier et patrimonial opposaient les deux hommes. Héritier au trône du bord de mer de Libreville, le grand frère n’entendait pas faire de la place à son jeune frangin qui exprimait déjà des ambitions à peine sorti de l’adolescence.

Pendant un certain temps, peu avant le coup d’Etat militaire du 30 août 2023, ces rivalités ont nourri l’actualité politique gabonaise et inspiré bien d’acteurs politiques du pays. D’aucuns s’y sont engouffrés pour tenter, eux aussi, d’assouvir leurs propres ambitions. Du coup Oyo était devenu un lieu de pèlerinage pour tous ceux qui pensaient avoir un coup de pouce de la part du grand-père de Junior. Ils y allaient tous, frapper au portail du maître des lieux. Certains ne manquaient même pas de se prosterner devant lui. Ses rares et courts séjours à Libreville furent l’occasion pour eux d’aller faire le pied de grue là où il résidait.

C’est dans cette logique, de bénéficier de l’aide financière et du soutien politique de Brazzaville, qu’est né le Parti politique « REAGIR ». Un des Bongo, en dehors de Junior,  servait de courroie de transmission ou de facteur. Depuis avant l’élection présidentielle de 2016, ce dernier s’est investi dans ce rôle. Avant cette élection, il avait déjà convoyé, via Paris, un pactole venant d’Oyo et dont le destinataire  était un prétendant au trône du Palais de marbre de Libreville, lequel avait fini de revoir ses ambitions à la baisse, pour finalement soutenir le candidat Jean Ping. Certaines sources au fait de ce dossier révèlent que ce pactole n’est jamais parvenu audit destinataire, du moins une partie. On se le serait partagé au bord de la Seine.

Au moment où REAGIR commençait à prospérer au sein du paysage politique national, est survenu le coup d’Etat militaire du 30 août 2023. Des cadres de REAGIR y ont trouvé leurs comptes et Hervé Patrick Opiangah y a joué un rôle d’entremetteur discret et efficace. Il avait réussi a entrainé dans l’escarcelle du CTRI une bonne partie du Directoire de ce parti, cependant que d’autres ne furent pas mis dans le bain.

 C’est manifestement à partir de là que sont nés les problèmes. François Ndong Obiang et ses amis ne tiennent plus à ce que le biberon leur soit ôté de la bouche et soutiennent inconditionnellement toutes les initiatives et autres décisions du CTRI. Ils avaient trouvé un allié sûr en la personne de Persis Lionel Essono Ondo, bien connu de certains milieux de la droite politique française qu’il fréquentait jusqu’à une époque encore récente et de la diaspora. Leurs chemins viennent de se séparer, puisque ce dernier vient de claquer la porte du  Parti dont il était devenu le Président par intérim.

Et aujourd’hui, peut-on dire, il existe plusieurs avatars de REAGIR, l’un continuant à lorgner du côté d’OYO et l’autre vers le Palais de marbre du bord de mer de Libreville. Entre les deux, se joue l’avenir politique de Junior Omar Denis Bongo Ondimba.

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