C’est tout un honneur d’être nommé Vice- président de la République. Une reconnaissance des services rendus. La preuve que l’on aime vraiment cette république. La conviction que l’on est capable de défendre la chose publique, le bien commun.
Séraphin Moundounga incarne-il toutes ces vertus ? L’histoire et l’avenir le révéleront sans doute.
Pour le moment, l’opinion gabonaise a le bénéfice du doute. Il y a quelques années, un contentieux juridico-financier a opposé l’Etat gabonais à un sulfureux et véreux homme d’affaires d’origine italienne du nom de Guido Santullo et sa société Santullo- Séricom Gabon. Ce dernier venait de Guinée –Conakry où il s’était enrichi grâce à de juteux contrats miniers signés avec le régime du Général Lansana Conté. Avec l’arrivée d’Alpha Condé au pouvoir, il a dû fuir la Guinée pour se réfugier au Gabon où il a trouvé une terre fertile et féconde pour les affaires. En moins d’une année, il a signé avec le pouvoir d’Ali Bongo Ondimba, il a signé une dizaine de contrats de travaux publics pour des montants exorbitants, le tout sous l’œil bienveillant d’un certain Maixent Accrombessi et de Magloire Gambia, ce qui a valu à ces derniers une lourde peine de prison.
Tout ceci a abouti à un contentieux qui a obligé l’homme d’affaire italien à recourir en 2015 à la cour d’arbitrage de Paris dans le but de faire condamner l’Etat gabonais à environ 270 milliards de frs CFA. Parallèlement à la Cour arbitrale de Paris, d’autres pistes pénales ont été explorées en Suisse, au Gabon et en France pour faire de la lumière sur cette affaire. Et plusieurs actes de corruption commis par Santullo furent découverts, puis l’affaire changea de tournure. Il fut également découvert par la suite que certains travaux réalisés par l’homme d’affaire italien avaient été surfacturés ou mal exécutés ; cependant que d’autres quoi qu’entièrement payés n’avaient guère été réalisés
Malgré tous ces faits établis, Guido Santullo réussit, non seulement à obtenir des juridictions françaises des hypothèques sur un immeuble appartenant à la République gabonaise à Paris, rue de l’Université, mais, aussi à faire condamner l’Etat Gabonais à lui payer la bagatelle de 90 milliards de Frs CFA.
Les avocats de l’Etat gabonais ont riposté vigoureusement et obtenu l’annulation de cette sentence par la Cour d’appel de Paris. Et la République fut honorée.
Curieusement, celui-là même qui vient d’être hissé au rang de Vice-président de la république s’était mis du côté de ceux qui voulaient trainer cette république dans la boue. L’ancien Vice- Premier ministre d’Ali Bongo Ondimba, Séraphin Moudounga qui avait eu maille à partir avec son mentor de l’époque et qui avait quitté le Gabon sur la pointe des pieds alla témoigner à Paris en faveur de Guido Santullo et contre la République gabonaise dont il est aujourd’hui devenu le Vice- président. On prend comprendre le degré d’animosité qui s’était installée entre lui et Ali Bongo Ondimba et toute la rancœur et la haine qui le tenaillaient, mais pas jusqu’à se liguer contre son propre Etat, surtout lorsque l’on a occupé de si hautes fonctions. La rancœur personnelle, les contradictions politiques, si tel est que ce fut le cas, valent-elles une république ? Combien d’établissements scolaires ou sanitaires peut-on construire avec 90 milliards de frs CFA ?
Autant de questions qui peuvent semer le doute dans l’esprit d’une certaine opinion gabonaise suite à la nomination de Séraphin Moudounga aux prestigieuses fonctions de Vice- président de la République.