Le décor est planté : « C’pas Bon » pour le moral 

Rien ne sera plus comme avant au Gabon. En avant la « 5ème république » ! Elle était beaucoup attendue. Le « coup de la libération l’a décidé, et le peuple a approuvé. Sauf qu’à y regarder de plus près, cette cinquième république ressemble étrangement à la première, à la seconde, à la troisième, puis à la quatrième. Presque du déjà-vu.

 Dans ce Gabon que l’on dit libéré, il y en a qui ont le génie de résister aux épreuves du temps, de traverser les époques et être toujours là  « mbê mbê ». Les Pdgistes ne s’étaient pas trompés lorsque ce fut leur slogan pendant des années.

 Le nom de Chambrier est bien connu du monde politico- affairiste gabonais depuis les années 60. Il a été lié à celui de Léon Mba Minko m’Edang, de Jean Hilaire Aubame Eyeghe, d’Albert Bernard Bongo, d’Ali Bongo Ondimba et aujourd’hui à celui de Brice Clotaire Nguema. Le Père, le patriarche Eloi Réhandi, fut le tout puissant porte-parole du Bureau politique du PDG (Parti Démocratique gabonais) pendant plusieurs années, tout en étant membre de plusieurs gouvernements. Avec sa voix de stentor, il apparaissait sur les écrans de la chaine publique de télévision gabonaise pour rendre compte des décisions prises par ce Bureau politique du parti – Etat. C’était très solennel ! Puis, avec l’âge et vieillissant, il a passé le flambeau à son fils Barro qui, lui aussi a été membre de plusieurs gouvernements des Bongo, père et fils. Il avait fini par rompre avec le fils, estimant que trop de « profito- situationnistes, n’appartenant à aucune  des  grandes vieille familles dynastiques gabonaises, avaient été admis au sein de la cour de noblesse

 Séraphin Moudounga n’est pas non plus tombé de la dernière pluie. Repéré par le défunt Patrice Nziengui à la recherche d’un suppléant à la députation lors des toutes premières élections législatives de l’ère multipartite en 1991, alors qu’il n’était qu’un directeur d’une école primaire de son Moabi natal, il a gravi les échelons avec Omar Bongo, puis Ali Bongo Ondimba, avant de rompre avec ce dernier après avoir été pendant sept ans un bon, fidèle et zélé aristocrate émergent, lequel soutenait que les opposants de l’époque n’avaient laissé derrière eux qu’un « champ de ruines ». Allusion aux Casimir Oye Mba, Jean Eyeghe Ndong, André Mba Obame, bref, à tous ceux qui s’opposaient à Ali Bongo Ondimba au cours de son premier septennat. Pour des raisons non encore élucidées, il avait dû fuir le Gabon en 2016, avant de s’auto-exiler en France. Rappelons que pendant les faits, il était  Vice Premier-ministre d’Etat, Garde des sceaux, Ministre de la justice.

Carmélia Ntoutoume Leclercq est un pur produit du Parti Démocratique Gabonais en errance pendant un moment entre Koula Moutou, Lebamba et Ntoum. Ministre d’Ali Bongo Ondimba, elle n’a pas eu beaucoup de difficultés à s’adapter à la nouvelle donne, surtout qu’elle porte un nom, celui de feu Lubin Martial Ntoutoume Obame, et qu’elle a des atomes crochus quelle que part au Palais de marbre du bord de mer de Libreville. Cela compte, dans le Gabon des vieilles familles dynastiques.

Que dire d’Henri Claude Oyima. Originaire des plateaux Batékés, il est le mania de la haute finance gabonaise depuis plusieurs années. A la tête de la BGFI- Bank sous Omar Ondimba et Ali Bongo Ondimba, cette holding fait partie de la nébuleuse Delta –Synergy qui a le monopole de l’essentiel des activités commerciales et financières dans le pays. Il a été l’œil, l’oreille et le nez d’Omar Bongo Ondimba, puis d’Ali Bongo Ondimba dans les milieux de la haute finance et aujourd’hui de Brice Clotaire Oligui Nguema avec lequel il aurait de la consanguinité.

D’autres noms des vieilles familles dynastiques gabonaises apparaissent dans ce même gouvernement, le tout premier dit-on, de la cinquième république, les Gondjout, les Obiang Etoughe –dont François Ndong Obiang est le fils- et bien d’autres noms encore qui rappellent l’ordre ancien

L’ossature gouvernementale de la cinquième république est donc là. Le décor est planté, et on n’est pas loin des premières, deuxième, troisième et quatrième républiques où on retrouvait également les Chambrier, Moundounga, Ntoutoume, Gondjout et consorts, aujourd’hui renforcés par le grand argentier Oyima .Et ce n’est surtout pas ‘Bon’ pour le moral.

 Vous avez dit « Gabon libéré » !

Laisser un commentaire